Stage au RIMYI, été 2014

Par Claire, 12 août, 2023

Claire Arthus-Champon (septembre 2014)

STAGE au RIMYI, Pune été 2014
Un séjour plein d’émotions…
 

Après une année bien pleine, l’été est moment privilégié pour venir à nouveau dans ce pays où le Yoga a pris naissance, et pour cette fois au plus proche de la source du Yoga Iyengar, au RIMYI.


A 250 km à l’ouest de Mumbai, 3 à 6 h de route selon la circulation et l’intensité des pluies de mousson , Pune est une grande ville indienne moderne (3 millions d’habitants), à la fois universitaire et centre d’affaires, polluée et bruyante, où l’on croise bon nombre d’occidentaux venant soit à l’Institut de Yoga Iyengar (le Ramamani Iyengar Memorial Institute), soit à l’ashram de méditation « Osho ».

 

                                                       

    
En 1974, BKS Iyengar a bâti ce modeste Institut, un lieu resté très authentique, dans une calme rue résidentielle où vélos et vaches se sont longtemps partagé l’espace. 40 ans plus tard, motos et voitures l’encombrent régulièrement, d’autant plus qu’un grand centre commercial s’est construit à proximité.

 

 

                                                              

 

Chaque mois, une centaine d’étrangers du monde entier rejoignent le RIMYI, la plupart venant pour un mois complet. Pour ce mois d’août 2014, 10 Français se sont retrouvés ou rencontrés sur place. Nous avons cours en même temps que les Indiens pour lesquels l'Institut est tout simplement le lieu habituel pour leur(s) cours hebdomadaire(s).

 

                                                            


      

L’emploi du temps est bien rempli : chaque semaine nous avons 6 cours généraux de 2 heures chacun et 6 sessions de pratique personnelle de 2 à 3 heures, dans la salle principale de pratique. Cette grande salle et une autre plus petite à l’étage permettent d’accueillir beaucoup de cours, du niveau débutant au niveau avancé, pour la plupart en anglais mais aussi en marathi. Deux cours par semaine sont réservés aux enfants.

Il est possible d’aller observer d’autres cours que ceux dans lesquels nous sommes inscrits, ce qui est tout à fait intéressant pour mettre l’accent sur la pédagogie ans les cours généraux et pour se rendre compte du travail effectué dans les cours thérapeutiques : video pour un aperçu sur les cours thérapeutiques.
Le RIMYI dispose également d’une bibliothèque et d’une petite librairie.

Seul le dimanche est libre… sauf si on fait le choix d’aller observer les cours pour enfants le matin… selon la fatigue, le besoin de récupération ou l’envie d’une sortie plus touristique…

BKS Iyengar et sa famille vivent ici également. Nous avons pu voir Guruji (c’est le nom donné au « Maître », au guru, à la fois plein de révérence et d’affection) dans les premiers jours du mois d’août, le saluer au seuil de sa maison où il se tenait chaque jour à la fin de notre pratique personnelle. C’était important pour moi de le rencontrer au moins une fois, et je suis heureuse d’avoir pu rendre hommage à ce grand maître de Yoga qui n’a cessé de partager les fruits de ses recherches sa vie durant et qui, au-delà du grand âge et de la maladie, portait encore un regard pénétrant sous ses légendaires sourcils broussailleux.

 

 


Ma gratitude va vers Prashant, Abhijata et bien d’autres professeurs de l’Institut qui ont assuré les cours en ce mois si particulier où Guruji arrivait à la fin de sa vie.  
Si les enseignants nous disent bien sûr quoi faire « techniquement », avec des précisions porteuses de découvertes encore, Prashant nous invite à nous interroger : « pourquoi nous sommes là, pourquoi nous pratiquons ? Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons, elles sont simplement multiples, changeantes dans le temps, il faut être capable de les observer, d’en être totalement conscient». Son cours met toujours l’accent sur la philosophie, avec des références fréquentes au texte des "Yoga Sutra" de Patanjali, sur l’attention au souffle dans tous ses aspects, sur le processus d’intégration qu’est le Yoga.

 

                                                       
Nous sommes invités à rester avant tout des élèves, à conserver cette démarche d’apprentissage encore et encore :
« vous n’êtes pas là pour apprendre, mais pour savoir quoi et comment apprendre, c’est ensuite chez vous que vous apprendrez ».

 

 

Les 2 à 3 heures de pratique personnelle quotidienne des asanas et du pranayama sont un moment privilégié pour continuer à observer notre propre pratique, à travailler sur la conscience, l’intériorité… même dans la foule : plus d’une centaine de personnes réunies dans ce hall, chacune centrée sur sa pratique, mais aussi enjambant le voisin pour aller prendre une brique ou une chaise, essayant de repérer son tapis au retour… On ne fait en principe pas de photos pendant les cours ni la pratique personnelle, je vous laisse donc imaginer ! C’est aussi l’occasion de se familiariser avec des supports nouveaux, d’observer également la qualité de pratique des étudiants plus avancés.

Dans l’année, nous sommes souvent si occupés qu’il est parfois difficile de préserver régulièrement un temps de pratique aussi approfondi, ici je ressens une telle disponibilité,  comme si le temps s’écoulait différemment, que chaque chose prend sa place avec évidence ! Etre en contact avec cette source authentique ravive également ce que les Iyengar attendent de leurs professeurs. En tant qu’enseignante certifiée, on m’a autorisée à utiliser ce nom précieux et je me rends maintenant compte autrement de ce que cela représente.

Ma gratitude va vers tous ceux qui ont rendu possible ce mois privilégié permettant qu’un travail sur soi prenne place ici : famille, élèves, amis et bien sûr les professeurs de l’Institut.

 

                                                      
Après la foule des partiquants de Yoga, une halte dans le calme du jardin public proche de l’Institut,

 

 

 

                                                                

avant de parcourir les rues bruyantes menant à notre appartement.

 

 

                    
     Certains travaillent à 30 m de haut, avec un simple filet en cas de chute… tandis que d’autres font la lessive et la vaisselle au sol.

 

 

 
Ce sol parfois jonché de fleurs de jasmin.

 

 Chaque étudiant inscrit au RIMYI doit s'organiser pour venir jusqu'à Pune et y trouver un logement, que ce soit à l'hôtel, ou en louant un appartement seul ou à plusieurs. Bobby Clennel a rédigé un guide, mis à jour régulièrement, qui est une mine d'informations utiles sur le fonctionnement du RIMYI, sur Pune et ses environs : Pune Guide 2014

 

 

AU DETOUR DES RUES DE PUNE

 

                                              
 Les cochons contribuent au tri des déchets.                                                                              Se préserver de la pollution.

 

                                              
    Mousson : la pluie battante de fin de journée fait monter le niveau d’eau dans les rues jusqu’aux mollets des passants, jusqu’au moyeu des roues de rickshaws et motos.

 

                                            
 Le petit marché aux fruits et légumes et la marchande d’offrandes : fleurs de jasmin œillets d’Inde et roses.

 

                                            


Le grand marché de Mahatma Phular, près de Laxmi road.

 

          

 

 

     
MERCREDI 20 AOUT, une journée si particulière…
Hospitalisé depuis quelques jours, Guruji a quitté son corps tôt ce matin-là... nous l’apprenons sur le chemin de l’Institut où nous partions prendre notre cours matinal. Bien que sachant la grande fragililté qui l'habitait depuis quelques temps, nous espérions tous bien sûr qu'il resterait encore longtemps parmi nous... "Sa vie a été si pleine, il avait bien le droit de partir" comme le disent nos amis indiens...

"La naissance et la mort se situent au-delà de la volonté humaine. Elles ne sont pas de mon domaine. La complexité de la vie de l'esprit prend fin avec la mort, et avec elle toutes les joies et les peines. Lorsque vous êtes déjà affranchi de cette complexité, la mort est douce et naturelle."       BKS Iyengar

La famille Iyengar a permis à chacun, pendant quelques heures, de passer par leur résidence pour voir une dernière fois Guruji : des centaines de personnes ont ainsi traversé l’appartement en un flot continu d’étudiants indiens et étrangers, de professeurs, d’amis, etc. Geeta, Abhijata et Prashant étaient présents, ce dernier assis sur le sol de la pièce où reposait le corps de Guruji, orné de guirlandes de fleurs et simplement déposé sur une civière en bambous fraîchement coupés.

Les journalistes indiens étaient nombreux aussi, souhaitant connaître l’impact de Guruji sur les pratiquants dans les différents pays.
Une courte cérémonie avec des chants védiques a eu lieu en début d’après-midi à la résidence familiale, puis le corps a été conduit en ambulance à Vaikunth, où s'est déroulée une crémation très simple, « en accord avec les rites traditionnels mais sans honneur particulier » (India Times).

 

 

                                        

 


Sous de grands auvents préservant de la pluie, des fosses sont creusées dans le sol. Les pandits récitent à nouveau des chants védiques et une prière pour le départ de l’âme. Ils demandent aux personnes présentes de prier également pour que BKS Iyengar renaisse en maître de Yoga. Bûches de bois de santal et bouses de vaches séchées sont prêtes, elles seront passées de main en main pour que chacun puisse les toucher et les rendre accompagnées de ses vœux avant de rejoindre la fosse. Le corps est alors déposé sur le bois de santal, puis recouvert de bouses de vache séchées et arrosé de ghee. Il revient à Prashant, en tant que fils, d’allumer le feu de la crémation.

 

 

                                                                


    Geeta Iyengar : « Comme la pluie, il a touché chacun de nous également »

 


Dès le lendemain matin, nous voyons apparaître dans les rues de Pune de grandes affiches, prévenant du décès de BKS Iyengar et lui rendant hommage.

 

 

 


 De nombreux articles paraissent alors dans les journaux locaux, nationaux et internationaux, et les chaînes de télévision indiennes diffusent des reportages sur ce grand maître.
- CNN-IBN reportage en anglais diffusé en Inde, avec une interview de 2008
- The Ttimes of India article en anglais
- Courrier International
- La Croix
- AFYI, communiqué de presse

A l’Institut, une notice prévient de la fermeture pour les 13 jours rituels de deuil, à l’issue desquels aura lieu une grande puja permettant à tous ceux qui n’ont pas eu le temps de se déplacer pour la crémation de prendre leurs dispositions pour venir. Pendant toute cette période, il n’y aura plus de cours à l’Institut qui reste cependant ouvert afin que chacun puisse venir se recueillir dans le hall de pratique et laisser quelques mots dans un livre d’or mis à disposition.

 


BKS Iyengar : «C’est mon profond espoir, que ma fin puisse être votre commencement. »

 


Nous ressentons tous un grand vide laissé par le départ de Guruji, un vide aussi du fait de l’absence de cours pour la fin du mois d’août,  vide encore du fait de ne plus retrouver chaque jour l’ensemble des étudiants de l’Institut…
Cette pause dans  notre rythme installé depuis trois semaines permettra de se rendre compte d’une certaine fatigue et laissera finalement plus de liberté pour des visites repoussées jusqu’alors parce que tout déplacement dans cette ville encombrée demande non seulement du temps mais aussi de l’énergie. Ce sera un temps surtout pour se laisser aller à l’imprévu et à de belles rencontres.

 

 


PUNE et ses ENVIRONS

 

 


PARVATI HILL

                                                      

 

La petite colline de Parvati s’élève à 640 m et permet un vrai panorama sur Pune. Les temples situés sur la colline sont parmi les plus anciens de la ville, en particulier celui de Parvati  datant du XVII° siècle.

 

                

 

Les pieds sont à la fois la partie la plus indigne du corps humain car beaucoup marchent pieds nus, en contact direct avec la saleté du sol (on ne touche donc pas son interlocuteur avec les pieds et, si l’on est assis au sol, on ne dirige pas la plante de ses pieds vers lui, une recommandation qui est aussi valable pour les représentations des divinités), mais aussi la partie la plus vénérée du corps humain : les pieds du  Maître, du guru, et également les sandales qu'il porte, sont vénérés comme les membres par lesquels la grâce divine serait la plus susceptible de se transmettre au disciple. Lorsqu’un disciple touche les pieds de son maître, celui-ci en retour lui donne sa bénédiction en touchant sa tête. Les empreintes de pieds se trouvent ainsi à de très nombreux endroits, et notamment près des sanctuaires et reliques des grands saints..

 

 

Le PALAIS DE L’AGA KHAN et le mémorial Gandhi
C’est dans cet édifice construit à la fin du XIX° siècle par le sultan Aga Khan III, que furent internés par les Britanniques le Mahatma Gandhi et d’autres leaders nationalistes pendant environ deux ans, à la suite du mouvement « Quit India » lancé par Gandhi en 1942.


                    

                                                  
 Nous l’avons emprunté, ce « chemin vers le Samadhi »…                                                                                 tout près des cendres du Mahatma Gandhi.

 

 

ALANDI
Saint Dnyaneshwar, après avoir traduit la Bhagavad Gita en marathi, aurait atteint le Samadhi ici, à Alandi (25 km au nord de Pune), devenue ville de pèlerinage pour de nombreux hindous qui visitent ses temples et se baignent dans la rivière Indrayani afin de se purifier.

 


La svastika, cette croix dont l'image a une forte connotation négative depuis son utilisation par le régime nazi, est avant tout un symbole de bon augure désignant l'éternité ou la bonne fortune. Svastika est un mot sanskrit dérivant de su (bien) et de asti (il est). Ainsi, Svatikasana, la posture de l’assise, est une « bonne » posture préparant  à la pratique du Yoga.
On trouve des représentations de ce symbole avant même l'invention de l'écriture, dans bien des civilisations, mais les premières traces écrites apparaissent en particulier chez les peuples hindous dans les épopées du Ramayana et du Mahabharata, composées à partir du 3ème siècle avant J-C.

 

                                                                  


  Les ghats et la rivière qui peut aussi bien servir pour des rituels que pour laver le linge… ou tout autre chose !

 

                                                                  

 

 

   

TULAPUR


A 40 km au nord-est de Pune, Tulapur est un paisible village à la confluence de deux rivières, la Bhima et l’Indryani, lieu de pèlerinage également avec ses temples et mausolées.

 

                               

                                 
    

Souvent représentée à l’entrée des temples, la tortue (Kurma, un avatar du dieu Vishnu) est considérée comme un pilier de l’Univers . Nous sommes également tous enfants de la tortue, puisque dans la mythologie indienne, lorsque le premier être vivant de la cosmogonie, Prajapati, voulut avoir un fils, il se métamorphosa en tortue, trouva son épouse et engendra la vie. Spirituellement, la tortue qui rentre sa tête dans sa carapace symbolise le retrait des sens (pratyahara : voir qu'est-ce que le yoga ?) et l’état de méditation avancé qui permet de se connaître soi-même.

 

 

Une dernière fois au RIMYI

 


Avant de quitter Pune, je suis venue me recueillir une dernière fois dans le hall de pratique de l’Institut.
Si à chaque instant je me suis sentie à ma place durant ce séjour intense, je me sens désormais prête à quitter cette ville si bruyante et polluée, une agression permanente pour tous les organes des sens…

Direction Mumbai avec deux amies, pour quelques jours avant le retour en France.

 

 


MUMBAI (BOMBAY)


Capitale commerciale de l’Inde, Mumbai est l’une des agglomérations les plus peuplées du monde avec ses 18 millions d’habitants. L’importance économique de la ville ainsi que son haut niveau de vie, en comparaison avec le reste de l’Inde, attirent des migrants de toutes les régions du pays, qui assurent à la ville une intense diversité sociale et culturelle.

 

 

Gateway of India est un imposant arc de triomphe construit en 1911 face au port de Mumbai pour commémorer la visite du roi George V.
24 ans plus tard, c’est symboliquement par cette porte que les Britanniques quittèrent le pays.

 


Le célèbre Hôtel Taj Mahal, 1903.

 

                                        
    Devant le bâtiment néogothique de la Haute Cour de Justice, datant de 1848.

 

 

 

 Récemment mis à l'honneur dans le film "La lunch-box », les dabba-wallahs sont des livreurs de "lunch-box" qui collectent aux domiciles les repas préparés. Les gamelles sont étiquetées, acheminées par train jusqu’à la gare de Churchgate Station, triées, elles repartent alors sur ces planches de livraison, afin qu’arrive sur le bureau de chaque destinataire son repas fraîchement cuisiné : le système est d'une efficacité sans faille !
Voir la bande annonce du film "Lunch-box"

 

 

                                                        
  Dénuement des familles les plus pauvres qui vivent et dorment dans la rue.

 

                                

Chowpatty beach, la plage de Mumbai, au pied de Malabar Hill :
c’est en soirée le lieu de rendez-vous des amoureux, des familles, des réunions politiques et de tout habitant désireux de respirer l’air de la mer.

 

                                    

 Contraste entre quartiers traditionnels et gratte-ciels : les lavoirs de Dhobi Ghat ont 140 ans.

 

                            

 

Le quartier entier est la plus ancienne et la plus grand machine à laver manuelle de la ville : chaque jour, des centaines de blanchisseurs battent des tonnes de linge dans ce millier de lavoirs en plein air. Un film de 2009, « Dhobi Ghat » permet d'approcher la vie dans ce quartier (voir la bande annonce).

 

 

                        
      Offrandes hindoues près du temple de Mahalaxmi,              musulmanes près de la mosquée Haji Ali Dargah

 

 
Temple Jaïn de Babu Amichand Panalal Adishwarji

 

                            

Au cœur du quartier huppé de Malabar Hill se niche l’une des oasis les plus sacrées et paisibles de la ville : Banganga Tank est un bassin sacré, entouré de multiples temples, dans lequel les pèlerins viennent se baigner, mais aussi les adolescents du quartier, les oies et canards… dans lequel enfin on fait la lessive bien sûr.

 

 

                    

Le Chhatrapati Museum, un curieux mélange d’architectures musulmane, hindoue et britannique, abrite de belles collections de sculptures hindoues et bouddhiques,
des miniatures peintes, des porcelaines, etc.

 

 

 


Mumbai, "la ville la plus embouteillée de la planète" : au travers de simples photos, il est difficile de se faire une idée de la circulation dans cette grande ville indienne, du niveau sonore également. Un documentaire multimédia, signé Jonas Pariente et Savitri Medhatul, a suivi Shabbir qui nous fait visiter la mégapole à bord de son taxi-triporteur. En vrai Mumbaikar, il rêve de grandeur, et garde le sourire face aux impressionnants défis auxquels lui et sa ville doivent faire face.
"Un rickshaw dans la ville" (Portraits d'un nouveau monde)
"En 1990, Mumbai comptait à peu près autant d'habitants que l'agglomération parisienne. Depuis, 1 500 personnes s'y installent chaque jour, soit 400 000 par an. Les autorités, les urbanistes, le pays, tout le monde a été pris de cours par ce massif mouvement de population, lié à la misère dans les campagnes. À l'heure actuelle, la moitié des Mumbaikars - 10 millions de personnes - vivent dans des slums, des bidonvilles. Il faudrait construire 2.5 millions de logements, ou en d'autres termes que la ville double de taille, pour offrir un habitat décent à toutes ces familles.

Dans les transports, la situation est également critique. Le système ferroviaire de Mumbai, construit par les Britanniques au milieu du 19ème siècle, est le plus vieux d'Asie : ce qui était une fierté à l'époque est aujourd'hui une infrastructure largement au bord de la rupture.Des rames qui devaient recevoir 1500 passagers en accueillent en fait 5000, les Mumbaikars doivent parfois voyager entre deux wagons ou sur le toit, et la densité atteint le chiffre aberrant de 16 personnes par mètre carré aux heures de pointe.

Côté route, ce n'est pas mieux. La mairie a admis récemment que Mumbai était « la ville la plus embouteillée du monde » ... et les ennuis ne font que commencer : à mesure que la classe moyenne grandit, le nombre de voitures va augmenter lui aussi.

En 2005 les autorités ont lancé un plan d'urbanisme sur 30 ans qui prévoit notamment la construction d'un nouvel aéroport, 334 ronds-points, 91 autoroutes surélevées et près de 2000 Km de trottoir. Mais cet ambitieux projet a des effets pervers : plus il y a de chantiers à Mumbai, plus la circulation empire. En attendant que les dirigeants rattrapent ce retard, les Mumbaikars ont massivement privilégié une solution : le rickshaw. Abordables et se faufilant là où les voitures ne passent pas, leur nombre a augmenté de 400% en quinze ans.

Et même si certains les trouvent trop nombreux, trop bruyants ou trop dangereux, ils sont aujourd'hui aussi nécessaires à la circulation de Mumbai que les globules rouges le sont à la circulation du sang dans le corps humain."

 

 

L’ILE d’ELEPHANTA, le calme des temples dans les grottes

 

                          

 

A 1h30 de bateau (et… 5mn de petit train pour les amateurs de tourisme sans fatigue…), l’île d’Elephanta réunit un labyrinthe de sanctuaires classés au patrimoine mondial. Ces temples taillés dans le basalte, entre les années 450 et  750, abritent des sculptures monumentales dont la pièce maîtresse est une statue haute de 6 m représentant Sadhashiva, un Shiva à trois faces : destructeur, créateur et protecteur de l’univers, les yeux fermés en signe de contemplation éternelle.

 

                                    
Salles et piliers                                                                          Lingam de Shiva et ses offrandes


Sadhashiva, le Shiva à trois têtes

 

 

                        
Le village coloré d’Ulanur, sur l’île d’Elephanta

  

 

GANESHA CHATHURTI


Le Seigneur Ganesha, ce Dieu à tête d’éléphant qui enlève les obstacles,  est vénéré au cours de Ganesha Chaturthi, une fête célébrée dans toute l’Inde, mais particulièrement populaire à Mumbai et Pune. En 2014, elle a eu lieu à la fin du mois d’août, une occasion de voir des idoles colorées dans toutes les rues ! Traditionnellement, ces idoles sont façonnées avec de l'argile prélevée à proximité du domicile des dévots et retournent à la terre par immersion dans un point d'eau proche : le cycle de la création et de la dissolution dans la nature est ainsi respecté.
Toutefois, la production d'idoles étant devenue une véritable affaire commerciale, l'argile est le plus souvent remplacée par du plâtre, plus facile à mouler, plus léger et moins coûteux, voire du plastique et l’idole sera alors réutilisée d’année en année.

 

 

                                                  
           
Dans les rues de Pune…

                                                

 

                            
Et dans celles de Mumbai : celui-ci est passé sous notre fenêtre d’hôtel …

 


Le dernier jour de la célébration, les statues sont portées en procession à travers les rues vers le lieu de leur immersion (mer, lac, rivière, réservoirs d'eau creusés pour l'occasion, voire un seau d'eau...) par les dévots qui scandent « Ganapati bappa morya ! Mangal moorti morya ! » (« Père Ganapati, reviens-nous ! Toi qui portes chance, reviens-nous ! » Danses, chants, et fanfares accompagnent la procession colorée dans un joyeux brouhaha.
Pour de belles images de l'immersion de Ganesha : Diaporama de l'agence Reuters

 

 

RETOUR
Fin du mois, je suis maintenant prête à quitter la terre indienne, sachant déjà que je reviendrai !
Et s’il a fallu seulement quelques jours pour défaire mon sac ici, quelques semaines pour recevoir le colis de matériel envoyé de Pune, je sens qu’il faudra encore des semaines et des mois pour me rendre compte de tout ce que j’ai appris durant ce séjour.
J’espère seulement partager avec chacun de vous cette belle énergie à laquelle nous conduit le Yoga.

 


 

Une dernière guirlande de fleurs afin d’ exprimer une fois encore toute ma reconnaissance pour  Guruji et sa famille, pour tous les enseignants de l’Institut,
pour Juliette avec qui j’ai partagé de très près ce mois d’août,
pour Véronique, Valérie, Marie-Hélène, Sylvie et Marielle avec qui nous avons vécu de beaux moments,
pour tous les autres étudiants français et étrangers rencontrés durant ce mois d’août à l’Institut,
pour Anjali et Arvind qui ont facilité notre hébergement, pour l'accueil de Geeta avec son délicieux tchai, pour Vandana, Sudhir et tous les indiens qui ont croisé notre chemin….
pour ma famille et tous ceux qui ont permis, d’une façon ou d’une autre, que ce séjour ait lieu.


Merci pour le partage des photos à Juliette, Marie-Hélène et Valérie.

 

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